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Le vêtement peut-il révéler votre personnalité ? Est-il créateur d’énergies ? Telles sont, entre autres, les questions auxquelles a répondu Youmna Tarazi sur un processus qu’elle a élaboré avec assiduité.
– Colette KHALAF
C’est au cours d’une conférence qui a eu lieu aux Créneaux qu’on l’a rencontrée. Organisée par le club, «Votre garde-robe de la peau à l’âme» a suscité un grand intérêt.
Graphiste de formation, établie à Paris, Youmna Tarazi a toujours surfé entre les études de graphisme et le théâtre. «Je travaille en indépendante depuis quinze ans mais je n’ai jamais réussi à faire un choix entre ces deux disciplines», dit-elle. Même si dans le théâtre elle trouvait le moyen de comprendre les fonctionnements et les rapports humains.
Au cours de son apprentissage de développement personnel Youmna Tarazi tombe, dans un Salon zen à Paris, sur la personne qui allait enfin contribuer à son choix. «Elle avait mis en place un enseignement pour les étoffes et les coupes de vêtements. Dès que ce travail est entré dans ma vie, tout s’est unifié. Il représentait pour moi le trait d’union entre les sciences humaines et les arts appliqués. Depuis, je ne me consacre plus qu’à cette activité, confie-t-elle. Et comme cet enseignement relève de la transmission, il me fallait les outils nécessaires de l’oral, que j’ai trouvés dans le théâtre.» Cette méthode qu’elle s’approprie et qui deviendra son métier sera donc enrichie de ses expériences passées.
Je suis née dans un pays en guerre. Était-ce un signe m’invitant à faire la paix en moi? En triant mes étagères je trie mes envies et mes relations. C’est un travail de connaissance de soi par le vêtement. Par sa forme, ses matières et ses couleurs. Nous sommes composés de différents corps: le physique, lié aux actions; l’émotionnel, lié à notre manière de nous mouvoir; le mental, lié à la pensée et enfin le spirituel, lié aux intuitions. Je travaille donc avec ces quatre corps. Ainsi l’intuition va être transmise à la pensée, laquelle aura une influence sur le mental et ses émotions qui vont générer un mouvement. Ce dernier mettra en place une action qui me permettra de m’incarner.
Les couleurs sont en lien avec les actions et le corps physique. Quant à ma manière de me mouvoir, elle est sous-tendue par celle de m’émouvoir qui, elle, est liée aux matières, donc aux mouvements. Enfin les coupes reflètent l’architecture de mon corps et comment celui-ci pense et réagit au monde. Mon corps est comme un prisme avec lequel on voit le monde. Finalement, l’alchimie des trois fait que la personne dégagera une énergie. Chacun a sa propre musique et le vêtement permet de faire jouer nos cordes.
Il est composé de cinq étapes: un travail sur les couleurs, puis sur les matières et enfin sur les coupes. La quatrième étape consiste dans la combinaison des trois et enfin l’ancrage qui est un stage en magasin, application finale de l’apprentissage.
En deux ans, Youmna Tarazi a accompagné plus de 150 personnes et continue à former celles désireuses de suivre cette méthode. Qu’attend-elle encore de ce cursus ? « J’ai envie de voir des créateurs concevoir des collections à travers ce travail d’archétypes, de former ou d’influencer des gens de la mode. Mon travail sera accompli le jour où ce travail de stage sera visible dans les vitrines des magasins, tout en privilégiant l’être et non la mode. »
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par Colette Khalaf